Comment classez-vous cette saison parmi vos précédentes ?

« C’est l’une des meilleures. D’autant plus que nous l’avons fait en Angleterre, c’est le championnat le plus dur. Le football anglais est le plus dur, quand on est ici on le comprend : au niveau du calendrier, la qualité des adversaires, l’impact physique, la météo… C’est très exigeant. Je ne peux pas nier que j’étais heureux à Munich, nous avons fait de bonnes choses là-bas aussi, mais surtout à Barcelone, ma ville et mon club de cœur. »

Est-ce que le titre remporté cette année est plus satisfaisant que celui de la saison dernière ?

« Je pense que celui de la saison dernière est l’un des plus beaux, c’était le cas pour mon premier à Barcelone aussi. Cette saison nos adversaires étaient meilleurs, particulièrement Liverpool. Mais bien-sûr nous avons remporté ce back-to-back face au meilleur adversaire possible. Ce qu’ils ont accompli est incroyable, nous étions 7 points derrière un long moment. Ce fut un tournant, dans la mesure où nous aurions pu lâcher ou abandonner, mais cela n’a pas eu lieu, et c’est la raison pour laquelle nous avons gagné. Quand on gagne 4 titres la même saison, c’est qu’on a été régulier, sur et en dehors du terrain. »

Comment avez-vous réussi à rendre cette équipe si régulière ?

« 198 points en deux saisons, c’est parlant. Cela traduit cette régularité, je pense que c’est le plus dur dans le sport. »

Pour de la Coupe du Monde 2018, Manchester City le plus grand contributeur avec 16 joueurs. Les deux premiers matchs de la saison étaient face à Chelsea et Arsenal, nous nous attendions à voir une équipe fatiguée, mais qui s’est avérée être fraîche et affamée, à quel point cela fût important ?

« C’est une bonne leçon de comprendre que le physique n’est pas le plus important au foot. Nous avons commencé la saison avec une carence d’entraînements. Lorenzo Buenaventura (adjoint de Guardiola) est un génie, nous sommes ensemble depuis ma première saison à Barcelone. Ce que nous avons fait aurait été impossible sans lui, je ne peux pas imaginer ma carrière sans ses conseils, sa connaissance des entraînements, sa gestion des blessures… Il nous aide à être régulier chaque saison. »

Le but d’Ilkay Gündogan dans le derby, après 44 passes, est-il représentatif du jeu que vous souhaitez ?

« On ne peut pas gagner que comme ça, parfois il faut savoir jouer en contre, et c’est là que Raz (Raheem Sterling), Riyad [Mahrez] et Leroy [Sané] sont redoutables. L’un des fondamentaux est d’être actif, de ne pas être attentiste. Pour cela, il faut avoir le ballon. En défense, il faut récupérer la balle le plus vite et le plus haut possible. Il faut que tout le monde participe. »

La période de Décembre fut difficile. En tant que manager, comment remotivez-vous vos joueurs ?

« De la même manière que nous gagnons je dirais. Nous analysons, essayons de comprendre… »

Le match face à Liverpool à l’Etihad fut le tournant, les joueurs et les fans ont été incroyables.

« C’était une finale pour nous. Nous savions que si nous perdions c’était fini. Peut-être aurions-nous encore été en course, mais cela aurait été difficile. Nous n’avons pas particulièrement bien joué, face à un bon adversaire, mais avec envie et presque l’instinct de survie. Nous avons prouvé que nous voulions à nouveau le titre et le back-to-back. »

A propos du match à Newcastle, avez-vous cru que c’était fini (pour le titre) à la fin de ce match ?

« Oui, dans les vestiaires nous nous sommes dit que cela allait être impossible. Cela a été dur de récupérer. »

Mais finalement vous avez enchaîné 14 victoires.

« Le fait que nous jouions après Liverpool nous confortait dans la nécessité de gagner chaque match pour continuer de croire au titre. »

Un de ces matchs fut face à Leicester, durant lequel Vincent Kompany inscrit l’un des plus beaux buts jamais vu à l’Etihad Stadium. Pouvez-vous nous résumer l’impact qu’il a eu sur la fin de saison ?

« Il est incroyable. Quand il est en forme il est important, malheureusement cela ne fut pas toujours le cas. Ce club est ce qu’il est grâce à ses légendes : Mike SummerbeeColin Bell… Dans l’ère du Sheick Mansour et d’Al Mubarak, on peut rajouter Joe HartVincent KompanyDavid SilvaSergio Agüero… Ce sont des joueurs incroyables, qui ont fait grandir le club. »

Comment allez-vous le remplacer, sur et en dehors du terrain ?

« Cela sera difficile. Il nous manquera, il me manquera beaucoup. Je lui souhaite le meilleur pour la suite. Il fait partie de l’histoire incroyable de ce club. »

Comment vous sentiriez-vous si vous parvenez à ramener un trophée européen ici ?

« Nous acceptons ce challenge, nous essayons. L’important est d’essayer chaque année, comme pour la Premier League. »

Comment allez-vous faire pour passer un palier supplémentaire dans cette compétition ?

« Nous ne pouvons pas contrôler le facteur chance, personne ne le peut. Certaines situations sont imprévisibles et incontrôlables. Nous avons gagné comme perdu pour des histoires de centimètres (référence aux matchs face à LiverpoolTottenhamBurnley…). Actuellement nous sommes les plus heureux du monde, tout en étant conscients que nous aurions pu tout aussi bien tout perdre. Cette compétition est ce qu’elle est. »

Comment parvenez-vous à produire un football offensif en permanence ?

« Je suis venu ici avec cette volonté, et le club suit cette idée. C’est vrai que les statistiques comptent, mais ce sport est aussi fait d’émotions. Je pense que nos fans aiment notre manière de jouer. »

Le directeur sportif, Txiki Begiristain, a déclaré que les victoires avec cette manière devenaient addictives, avez-vous le même ressenti ?

« Ce n’est pas forcément la meilleure manière pour gagner, mais c’est celle en laquelle nous croyons. C’est impossible de gagner en pratiquant un style auquel on adhère pas. Nous allons continuer ainsi. »

Pensez-vous que le soutien inconditionnel de votre club est le plus important ?

« Non, mais je pense que Txiki est l’une des personnes les plus importantes de ma carrière en tant que manager. Il a toujours eu confiance en moi, sans lui je n’en serais pas là, je lui en serai toujours reconnaissant. C’est un directeur sportif incroyable, si humble… C’est une personne incroyable. Nous partageons la même idée du football, cela facilite beaucoup de choses. »

Quand vous recherchez un joueur ensemble, est-ce qu’en plus d’être un bon joueur il doit être une bonne personne ?

« Bien-sûr, cela ne serait pas agréable de vivre avec des personnes qui ne s’entendent pas avec le reste de l’équipe. Mais on ne peut pas forcément être sûr à 100%, tant que l’on essaie pas on ne sait pas vraiment. »

Un des mots qui revient le plus de la part de vos collaborateurs est « intense », êtes-vous fatigué à la fin de chaque saison, particulièrement cette année ?

« Chaque saison oui, mais moins quand il y a un titre au bout. Ce poste est exigeant, mais on a du temps pour se relaxer et décrocher. »

Johan Cruyff fait partie de vos modèles, vous l’avez bien connu au Barça, mais il était plutôt dur avec vous quand vous étiez jeune, pensez-vous être pareil avec les jeunes joueurs pour tirer le maximum d’eux ?

« Je ne sais pas, je ne sais pas comment ils perçoivent mon comportement vis-à-vis d’eux. J’espère qu’ils savent que je veux obtenir le meilleur de chacun, les faire progresser, pour eux et pour l’équipe. Les joueurs qui jouent régulièrement m’apprécient, ceux qui jouent moins m’apprécient moins, cela fait partie du jeu. »

Pensez-vous que l’Angleterre soit un cadre de travail adapté pour vous ?

« Oui, il n’y a pas meilleur endroit pour jouer au football. Les fans vous soutiennent ne manière indéfectible, on peut travailler tranquillement, c’est un cadre de travail idéal, particulièrement dans ce club, je ne sais pas ce qu’il en est des autres. Je l’ai ressenti dès ma première saison ici, malgré l’absence de titre ils m’ont soutenu, je ne l’oublie pas. Maintenant c’est plus facile de me soutenir, mais ils m’ont toujours soutenu, même dans les moments difficiles. Je me souviens de Khaldoon, de ses messages de soutien, mais aussi de TxikiFerran [Soriano] et tout le staff, notre relation de confiance. C’est pour cela que je suis content de continuer mon travail ici. »

Pep, cette saison fut incroyable, je pense parler au nom de tous les fans en vous remerciant.

« Avec plaisir, le meilleur reste à venir ! »