ARCHIVE : Article datant d’Avril 2017.
Lumineux, mais rarement sous les feux de la rampes. Rien d’extravagant non plus. Acteur principal d’un cinéma muet des temps modernes. Silencieux, certes, mais vital pour ceux qui l’entourent. C’est peut-être lui, au final, le mécano de la « Générale ».
Pas le plus populaire, pas le plus bling-bling, vous l’aurez compris, pas le plus décisif non plus. Ce n’est pas non plus l’absence d’étoile dessinée sur son crâne qui empêche chaque amateur de football d’être séduit par le joueur qu’est David Josué Jiménez Silva.
Formé à Valence, « Chino » – quelques traits rappelant ses racines japonaises – commence à éclairer les jardins du Túria après deux prêts successifs à Eibar et au Celta Vigo. A 20 ans, il est déjà titulaire dans l’effectif valencian et participe aux bons résultats du club, remportant notamment une Coupe du Roi en 2008, avec une belle moyenne de 10 buts et 10 passes décisives par saison.
Déjà courtisé par des clubs anglais depuis plusieurs saisons, c’est à Manchester City que signe « el Mago » en juillet 2010. Sur le terrain, David Silva ne tarde pas à se faire remarquer, sur l’aile comme au milieu de terrain. Malgré un jeu atypique propre aux petits gabarits espagnols, sa supériorité technique et sa clairvoyance lui accordent immédiatement une influence non négligeable au sein de l’effectif mancunien. Toutefois, les tabloïds britanniques évoquent un mal du pays et des difficultés d’adaptation. Beaucoup moins de clairvoyance de leur part. Une saison plus tard, il fait incontestablement partie des meilleurs joueurs du championnat, voire des toutes meilleures signatures qu’ait pu faire le club. C’est Carlos Tévez lui-même qui le dit.
Le Kid
Avec un talent pareil, les saisons comme les jours se suivent et se ressemblent. Joueur du mois d’octobre 2011, il flambe. Dans son ensemble, l’équipe marche sur l’eau cette saison, avec notamment une victoire historique 6 – 1 à Old Trafford. Quant à lui, David Silva se réjouit de sa situation, lui qui aurait refusé le Real Madrid et le FC Barcelone pour s’installer en Angleterre. Le mal du pays semble très loin pour le natif des Canaries. Artisan majeur du titre de champion de son équipe, meilleur passeur du championnat, également récompensé par une place au sein du onze de l’année, c’est naturellement que l’éternel n°21 prolonge pour 5 ans chez les Citizens. Le chemin continue sans encombre pour lui, mais Manchester City n’arrive toujours pas à s’imposer comme souhaité en Europe. Après ses 10 buts inscrits en 2015, il prolonge à nouveau son contrat, et la terre natale du football ne tarit toujours pas d’éloges envers « Merlin ».
« J’aime David Silva, tout simplement. Les qualités qu’il a, la façon dont il lit le jeu. C’est une joie de l’avoir dans notre équipe. Il a tout. »
Jesús Navas, équipier de luxe.
Si les Skyblues s’imposent maintenant comme des candidats réguliers au titre, place justifiée par des titres, parallèlement au déclin du rival voisin, l’effectif et le staff n’en restent pas moins bousculés. Après Roberto Mancini, dont les résultats convenables ne parviennent plus à masquer le manque d’idées, c’est Manuel Pellegrini qui pose ses valises à Cottonopolis. Sous la récente tutelle émiratie, les joueurs défilent également, et les véritables « cadres » du club se comptent sur les doigts d’une main. Vincent Kompany, par le charisme, en est devenu le capitaine emblématique. Sergio Agüero est l’attaquant moderne que la grande majorité des équipes rêverait d’avoir dans ses rangs, et sa régulière flopée de buts témoigne en sa faveur.
Quant à David Silva… Est-ce réellement un reproche de dire qu’il ne réunit ni les qualités de l’un, ni celles de l’autre. C’est pourtant le seul dont la place bien ancrée au sein du onze de départ n’a jamais été controversée. Sous les ordres de l’« ingénieur », Manchester City atteint enfin le dernier carré européen, et le protagoniste article fait encore une fois partie intégrante de l’aventure. Néanmoins, le modèle de jeu à la fois efficace et esthétique proposé par le coach chilien s’essouffle peu à peu, bien qu’on puisse lui accorder le taux de remplissage inhabituel de l’infirmerie.
Ou peut-être cette baisse de régime a-t-elle un lien direct avec l’annonce de l’arrivée d’un nouvel entraîneur en fin de saison. La direction n’a peut-être pas fait le bon choix avec cette officialisation anticipée, mais soit, elle a bien eu lieu, et la rencontre entre le génie silencieux qu’est David Silva, plus que tout au service du jeu, et celui qui sublime ces exceptions footballistiques, moins silencieux mais tout aussi génial, aura bien lieu.
La lumière de la ville
L’alchimie pris place aussitôt. Immédiatement, Pep Guardiola fit de lui son capitaine. Étonnant de donner un tel rôle à un joueur si peu tapageur ? Ce n’est pas l’avis que partageait l’ancien sélectionneur de l’équipe d’Espagne Luis Aragonés – paix à son âme – qualifiant le mancunien comme celui ayant « les plus grosses » de la sélection. Une fougue bien cachée, donc. La citation se suffit à elle-même. Aligné en meneur de jeu aux côtés de Kevin De Bruyne – statistiquement plus décisif mais sujet aux irrégularités – David Silva reste la valeur sûre du système de Guardiola, l’assurance du travail bien fait. Le canarien s’offre une nouvelle jeunesse. Il apprend à presser, à courir sans le ballon, A travers des matchs souvent décousus et plein de rebondissements, « el Mago » calme la foule, il suffit d’observer. Balle au pied, on ne se demande jamais s’il fera bonne utilisation de celle-ci mais plutôt si le receveur ne gâchera pas un tel travail. Le fait est que Manchester City est l’équipe qui se procure le plus d’occasions en Europe. Manque d’efficacité, d’expérience, de solidité, de flexibilité, des ingrédients manquent encore à la recette qui mène à la victoire, mais le travail est toujours récompensé et le sera inévitablement.
A 31 ans, le maître à jouer a encore de très beaux jours devant lui. La reconnaissance viendra avec le temps. D’autant plus qu’au-delà de sa carrière remarquable en Angleterre, son importante contribution lorsqu’il a fallu écrire l’histoire de son pays est rarement notifiée. Titulaire lors des finales des championnats d’Europe 2008 et 2012, David Silva obtient une place incontestable au sein de la sélection qui domine le monde pendant presque une décennie. Il participe également au renouveau de celle-ci, en tant que cadre d’un groupe rajeuni mais toujours aussi talentueux. En mars dernier, le Citizen inscrit son trentième but sous les couleurs espagnoles pour se hisser à la quatrième place du classement des buteurs de l’Histoire de la Roja. Pour une fois, les statistiques parlent en sa faveur.
« Il est Messi sans la vitesse. Cela dit tout. »
Mario Balotelli, dans son devoir de citoyen
Arrivés ensemble il y a 7 ans, seul David Silva fait encore les beaux jours de Manchester City, sans faire de vagues, pendant que l’italien régale notre championnat local. Avec l’espoir pour chacun, sans doute un peu plus pour le premier cité, malgré son âge, que la plus belle saison reste à venir pour le natif de Las Palmas, considéré par beaucoup de ses paires comme le meilleur joueur ayant porté le maillot skyblue.