Kyle Walker a eu une tâche peu enviable en quittant Tottenham pour Manchester City en Juillet 2017.

Il était vu comme l’un des meilleurs latéraux droits du pays, donc personne ne doutait de ses capacités, mais il devait remplacer une légende du Club.

Pablo Zabaleta était parti 2 mois plus tôt de la manière que l’on attend pour un homme ayant gagné les cœurs des supporters en 9 ans, marqués par son intangible engagement au Club.

C’était une mission difficile.

Mais Walker a pris le taureau par les cornes et, 178 matchs plus tard, a prouvé son statut de pilier sur lequel Pep Guardiola a bâti l’une des meilleures équipes de l’histoire du Club.

La victoire aux dépends de son ancien club dans la finale de Carabao Cup de Dimanche le verrait soulever son 8ème trophée majeur en 4 années remarquables depuis son arrivée.

En amont du match, mancity.com a parlé à l’homme et à ses anciens coéquipiers et coachs pour mieux comprendre son rôle, ses talents, et surtout comment un ancien buteur a fini par devenir l’un des meilleurs latéraux droits.

 

« Je ne connais pas de latéral ayant commencé comme ça. Je n’arrivais pas à jouer en tant que buteur pour être honnête. »

Kyle Walker

 

« Il était absolument exceptionnel. C’est probablement les meilleurs début que j’aie vu. Il était comme un poisson dans l’eau, comme s’il l’avait déjà fait 50 fois. »

Ron Reid, ancien entraîneur de l’académie de Sheffield United

 

Maîtriser les ailiers remuants ou délivrer des centres millimétrés après une chevauchée n’étaient pas les préoccupations du jeune Walker à Sheffield.

En fait, il confirme les propos de Jamie Carragher à Gary Neville :

« Il y a 2 explications pour un latéral : soit on est un ailier raté, soit un défenseur central raté. Aucun enfant ne veut être latéral. »

Il s’agissait plus de marquer des buts que de les empêcher pour le jeune attaquant de 7 ans.

A ses 16 ans, par chance plus que par volonté, Walker est devenu latéral droit et en 3 ans avait intégré l’équipe-première des Blades en Championship pour la finale de play-off à Wembley.

« Jamie Carragher a marqué un point » avait reconnu Walker après avoir pris avec humour la déclaration de l’ancien de Liverpool.

« Il y avait des meilleurs buteurs que moi, même si j’étais à Lilleshall en tant que tel en U16. Je me suis développé sur le tard. Je n’ai pas grandi et j’étais frêle. Nous avons affronté Nottingham Forest et ils avaient un ailier rapide, mais notre latéral droit ne pouvait pas jouer. Le coach m’a choisi pour le remplacer et depuis j’y suis resté. Au début, je me demandais pourquoi je ne jouais pas buteur. Pourquoi je ne récolte pas les buts et la gloire ? Mais j’ai rapidement pris du plaisir. Le rôle change dans l’équipe et j’ai apprécié replacer mes coéquipiers plutôt que de marquer. Je suis passé de galérer à jouer 10-15 minutes dans les 4 premiers mois après avoir quitté l’école au football à plein temps, en jouant chaque match. »

 

Ron Reid se souvient parfaitement du jour où le jeune a pris sa chance en tant que latéral droit et alors que Walker s’adaptait à son changement de poste et d’état d’esprit, l’ancien entraîneur de l’académie de Sheffield United se rappelle d’une transition-éclair.

Il s’est avéré que c’était le commencement pour le jeune Blade et, aidé par sa vitesse, il a progressé rapidement entre ses 16 et 19 ans.

« L’ailier gauche de Nottingham Forest ne l’a jamais passé. C’était incroyable. Nous lui avons redonné sa chance la semaine suivante et c’est comme ça que c’est arrivé. Il progressait avec le temps. Il était technique, avec une bonne première touche et de la vista. Il avait une bonne vitesse, mais il n’avait pas encore sa puissance actuelle. Il était à l’aise dans ce rôle, pouvait défendre et était courageux. Il a vraiment commencé à impressionner. Il s’est vraiment développé la seconde année, quand il a gagné en vitesse. J’ai eu la sensation qu’il allait devenir spécial. »

L’intuition de Reid s’est avérée exacte.

Après un prêt réussi à Northampton Town, le manager de l’académie a commencé à militer pour qu’il soit inclus en équipe-première et, malgré des débuts gagnants contre Leyton Orient en FA Cup en Janvier 2009, n’y est parvenu que le mois d’Avril suivant.

Et, comme lors de ce match décisif contre Nottingham Forest, les vrais débuts de Walker contre Swansea restent dans la mémoire de Reid pour de bonnes raisons :

« J’ai continué de pousser pour qu’il intègre l’équipe-première. Il aurait dû y aller bien plus tôt. Kyle Naughton avait le poste, il avait un peu d’avance sur Walker. Mais quelques matchs avant la fin de saison, Gary Naysmith a eu une blessure aux ligaments croisés, donc Naughton est passé latéral gauche et Walker a eu sa place. »

 

12 ans plus tard et à l’approche de ses 500 matchs professionnels, Walker s’est imposé comme l’un des meilleurs latéraux droits au monde.

Les fondations ont été posé chez les Spurs où, de ses mots : « Mauricio Pochettino m’a énormément aidé », mais s’est sous les ordres de Guardiola que Walker a atteint le niveau supérieur.

Chez les Spurs, il était un atout offensif majeur duquel on attendait la création d’occasions dans les 30 derniers mètres, mais depuis sa polyvalence et sa compréhension tactique ont étayé ses performances.

Alors qu’il reste une menace offensive, l’originaire du Yorkshire est plus défensif, influençant l’équipe de bien des manières, qu’il soit milieu de soutien ou pour empêcher une contre-attaque.

« Ce que Pep veut faire est du jamais-vu en Angleterre. On ne s’entraîne pas pour ça en grandissant. Quand il était à Sheffield United, il fallait récupérer le ballon et remonter le terrain sur les côtés. C’est ce que le manager voulait et ce que j’ai appris en grandissant. A Tottenham c’était complètement différent. J’étais un latéral ultra-offensif. Mon rôle était plus de faire des passes décisives et d’être haut sur le terrain pour recevoir la balle, marquer quelques buts était le bonus pour moi. Quand on a un nouvel entraîneur, ils apportent une nouvelle philosophie. Il faut s’adapter. En tant que latéral droit, il faut s’adapter à plusieurs situations et aux différents ailiers. C’est ce qui rend ce poste si intéressant. Depuis ma première saison à City, le manager n’aime pas être dépassé au milieu et aime donc y faire rentrer un latéral. Il aime utiliser ma vitesse pour s’assurer la gestion des contre-attaques, je suis donc devenu un peu plus défensif. L’exigence est incroyable. Si l’adversaire joue avec 2 pointes, ma position change, etc… »

 

« Je dois plus d’adapter à l’adversaire que les autres sur le terrain. Que je doive plus attaquer ou défendre. On est pas au même poste les 90 minutes. Je l’apprécie. Chaque match est un nouveau défi. »

 

C’est loin des jours où les latéraux, même dans les meilleures équipes, devaient avant tout contrer les centres, la capacité offensive étant majoritairement perçue comme un bonus.

C’est ce que Micah Richards a perfectionné.

L’ancien de l’Academy était très populaire durant sa carrière, où il a aidé le Club lors de ses succès en Premier League et en FA Cup.

Comme Walker, il était redoutable en face-à-face grâce à sa remarquable vitesse qui le rendait efficace des 2 côtés du terrain, mais l’actuel n°2 de City a sans aucun doute élevé le niveau à de nouveaux sommets.

« Kyle Walker est brillant. Il est l’un des plus réguliers. Je crois qu’il est incroyable. Cette saison, Kyle a été l’un des meilleurs de l’équipe et c’est rare pour un latéral. Il a été capable de s’adapter aux attentes de Pep. Que ce soit pour contenir l’ailier, déborder, centrer, rester haut ou rentrer au milieu… Il a tout réussi. Il a été stupéfiant et je ne crois pas que Kyle reçoive assez de reconnaissance. Il a amené son rôle au niveau supérieur. Zabaleta et moi recevions beaucoup d’amour parce qu’il était un guerrier et que j’étais de l’Academy, mais si on regarde ce que Kyle fait depuis son arrivée, c’est bien plus que Zaba et moi. »

 

Je crois que Kyle a presque changé le jeu de City. Cela leur a donné l’occasion de plus jouer en contres parce qu’il fait des allers-retours rapides comme l’éclair. »

Richard Dunne

 

« J’essaie d’utiliser ma vitesse de la meilleure manière pour l’équipe, pour que les autres puissent utiliser leurs atouts. Si je peux décharger un peu l’ailier ou le milieu des tâches défensives, c’est génial. »

Kyle Walker

 

Walker est devenu l’un des lieutenants les plus fiables de Guardiola à l’Etihad Stadium.

Le latéral a été un symbole de confiance et, plus tôt cette saison, le Catalan l’a qualifié de « recrue incroyable ».

Il n’y aucun doute sur l’apport réciproque de Guardiola et Walker.

L’Espagnol aime les joueurs dévolus et capables de tenir les exigences des 3 matchs hebdomadaires et c’est un domaine dans lequel l’homme de Sheffield a excellé.

En 3 saisons pleines au Club, Walker a joué en moyenne 47 matchs et le fait qu’il ait débuté chaque finale de coupe depuis son arrivée est un indicateur de la confiance accordée par le manager dans les moments-clés.

« Je crois que le fait que Guardiola le choisisse si souvent est grâce son respect des consignes, son intelligence sa compréhension du jeu et son engagement » explique Richard Dunne, qui était coéquipier de Walker durant son prêt à Aston Villa au début de sa carrière chez les Spurs.

« Quand on regarde les différents joueurs et qu’on voit comment ils prennent les instructions de Pep, il les intègre parfaitement. Chaque fois qu’il joue, il semble toujours être bien positionné. Il semble toujours savoir où passer la balle. Ses passes dans la surface sont superbes et avoir quelqu’un d’aussi rapide offre aux autres joueurs tant d’options. S’il attaque à un moment, il peut revenir défendre de suite. Il a offert plus de liberté offensive à City, sachant qu’en cas de contre-attaque il peut revenir. »

Les compliments de Dunne ne sont pas trop différents de la perception de son rôle par Walker et malgré son approche moderne, reste engagé aux fondamentaux du poste :

« C’est d’abord un poste défensif. Je me félicite des clean sheets,  d’empêcher les adversaires de marquer et d’aider autant que possible mon gardien. Mon jeu a évolué. Désormais, je construis normalement, je fournis donc moins de passes décisives. J’aimerais en faire plus, mais avant tout mon rôle est d’empêcher le ballon de finir dans nos filets. Si je dois sacrifier mon apport offensif pour un clean sheet, c’est bon. Si je permets à un de mes coéquipiers de tenir plus longtemps et d’être décisif, c’est génial. C’est un sport collectif et c’est ce qui m’importe. Si cela signe que Kevin [de Bruyne] n’ait pas à revenir et ait plus d’énergie pour attaquer, cela ne me dérange pas. »

 

Il est clair que Walker a une bonne compréhension de son rôle dans l’équipe. Equipe est le mot-clé.

Parlez-lui de son jeu et la conversation finira inévitablement dans comment aider ses coéquipiers et sa compréhension du jeu perfectionnée par Guardiola.

« Sa connaissance du jeu est effrayante. Chaque jour on apprend quelque chose de nouveau, juste les basiques ou comment utiliser ma maturité sur le terrain pour aider les autres. La connaissance du jeu est quelque chose que je tiens des tactiques de Pep et du travail quotidien avec lui, j’ai grandi en tant que joueur et qu’homme. Je pense avoir gagné en maturité. J’ai 31 ans cette année. Je suis toujours en forme, rapide, je me sens toujours jeune et ait envie d’apprendre. Cela vient aussi avec mon rôle de leader, avec l’aide que j’apporte aux autres. Ce n’est probablement pas remarqué, mais c’est quelque chose duquel je me félicite. »

 

La vitesse est un mot qui revient toujours quand il s’agit de Walker.

Un regard sur ses allers-retours sur le côté droit de City et il est facile de comprendre pourquoi, mais ce serait réduire son jeu à sa vitesse.

« Quand on a de la vitesse cela aide toujours, mais c’est injuste de dire que c’est tout ce qu’il a » ajoute Richards.

« Quand on est rapide, les gens s’en contenteront. Si on étudie son jeu, il est bien plus fort que les gens le laissent entendre. Kyle Walker n’a jamais souffert défensivement. Je ne l’ai jamais vraiment vu perdre un face-à-face, et j’ai vu quasiment tout les matchs de City. Il est attentif tactiquement. Il peut jouer dans une défense à 3, à 4 et à 5.

Pourquoi croyez-vous que Gareth Southgate le sélectionne ? C’est parce qu’il sait qu’il peut lui faire confiance. Il est totalement sous-coté et est bien meilleur tactiquement que les gens le laissent entendre. »

Nedum Onuoha est d’accord.

Même s’il a fini par devenir défenseur central, l’ancien de l’Academy a joué latéral droit au début de sa carrière et pense que les capacités physiques de Walker sont enrichies par son QI Football :

« Quand on le voit sur le terrain, on sait que cela défendra bien. Je ne pourrais pas vous dire un match pour lequel je m’inquiète pour lui. Je pense qu’il est exceptionnel. Autant il apporte à City, auant je pense qu’il prive l’adversaire parce qu’ils n’essaierons pas de le prendre de vitesse. Il a vraiment compris son rôle dans l’équipe, mais les joueurs autour aussi. Et même si l’on peut parler de sa force et de sa vitesse, je pense que son intelligence sur le terrain est un atout. Sa capacité à être bien placé offensivement et défensivement est énorme. Qu’il soit dans une défense à 3 ou à 4, il sait quand attaquer. Il sait quand décrocher, comment se placer, quand un coéquipier est en difficulté. Il sait quand il faut se retenir et quand y aller. Je pense que c’est quelque chose qu’il avait déjà lors de son arrivée, mais il a progressé chaque année. Cela montre sa qualité pour moi. »

 

« Les ailiers deviennent de plus en plus forts et les latéraux plus techniques. C’est génial pour le jeu, mais je dois continuer à travailler, je ne dois pas être dépassé. »

Kyle Walker

 

Walker a montré à tout le monde sa qualité depuis son opportunité en tant que latéral droit.

Cela lui offert la carrière dont il avait toujours rêvé, même si peut-être différemment de la façon qu’il la voyait en tant que buteur à 7 ans à l’académie de Sheffield United.

Au lieu de marquer il a joué un rôle-clé dans la modernisation de son poste, tout en accumulant les succès à Manchester City.

Et, pour un joueur dont l’attitude et l’implication ont parfaitement fusionné, il n’a pas l’intention de laisser retomber ses standards élevés.

« Le Football évolue chaque année » conclus-t-il.

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