Pep Guardiola évoque son futur avec Manchester City

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NB : Cette interview a été enregistré avant l’annonce de l’UEFA

 

Pep, vous êtes seconds au classement, vous détenez le record de points de Premier League, en finale de Coupe; mais malgré cela pour certains c’est insuffisant, est-ce parce que la barre avait été placé trop haute ?

« Oui, je pense que notre équipe est extraordinaire, parmi les meilleures du monde. Les gens croient que les standards pourront toujours être maintenus, mais chaque jour est différent. »

A quel point est-ce difficile de maintenir ces standards ?

« C’est le plus dur. Les atteindre c’est faisable, mais les garder dans la durée c’est différent. Nous l’avons déjà fait, mais cette saison nous affrontons une équipe fantastique et avons perdu des points parce que nous n’étions pas au niveau, notamment en terme de finition. Mais j’aime notre manière de jouer. »

Si vous pouviez revenir au début de saison, que changeriez-vous ?

« Cela ne compte pas, on ne peut pas revenir (rires). »

Les problèmes que vous évoquez auraient-ils pu être corrigés en amont ?

« Non, parce que ces décisions ont été prises sur le moment, par rapport à ce que nous voyions et ressentions. On ne peut pas réfléchir comme ça dans le sport, les décisions sont prises dans un instant précis et irrémédiables. Cela sera ennuyeux. Il faut penser à ce que l’on peut mieux faire la saison suivante. »

Après ce que vos joueurs ont accompli par le passé, la motivation était-elle différente ? Comment la gardez-vous ?

« Non, nous jouons vraiment bien cette saison, même dans la défaite. La motivation n’est pas la cause. Je dirais même que nous travaillons plus dur que la saison dernière. Les joueurs veulent bien jouer, marquer, bien défendre… Ils souffrent quand ils n’y arrivent pas, ils veulent connaître le sentiment de la victoire à nouveau. C’est pourquoi nous sommes seconds de Premier League. »

Vous avez fait plus de changements que par le passé dans votre équipe et votre staff, est-ce problématique ?

« Je dirais que tout au long de ma carrière, sauf le dernier mois de la saison; j’essaie d’impliquer tout le monde. Des fois cela fonctionne, des fois pas. Quand on gagne c’est une bonne décision, et inversement. Tous les managers doivent prendre des décisions, et sont jugés par les prestigieux consultants de ce pays… Nous devons faire de notre mieux. »

Vos décisions ont-elles été parfois sous la contrainte des blessures ou du calendrier ?

« Non, des fois je choisis Sergio [Agüero] et des fois Gabriel [Jesus], ce sont tous les 2 des buteurs exceptionnels. Chacun à ses qualités, je veux les impliquer tous les deux, qu’ils sont prêts et restent positifs. J’ai dû m’adapter à cause de la blessure longue durée d’Aymeric [Laporte] couplée à celle de John [Stones], j’ai dû faire beaucoup jouer Fernandinho. Je veux faire jouer tout le monde autant que possible. »

Si vous parvenez à remporter la Ligue des Champions en fin de saison tous les doutes disparaîtrons, vous avez déclaré que si vous n’y parvenez pas cela paraîtra être un échec, mais comment cela pourrait-il l’être avec 5 trophées majeurs depuis votre arrivée ?

« Je veux la gagner, tout monde veut la gagner, mais ne pas gagner ne signifie pas que c’est un échec. Au Tennis le finaliste perdant n’est pas un raté, l’autre a été meilleur, il faut progresser c’est aussi simple que cela. Je sais qu’ils la veulent, je l’accepte, mais il faut se satisfaire du jeu de son équipe et faire de son mieux. Nous transmettons un mauvais message à la prochaine génération en ne considérant que le gagnant et les trophées. Une victoire en Ligue des Champions ne peut pas transformer une saison décevante en exceptionnelle. »

Est-ce parce que Manchester City ne l’a jamais remporté ?

« C’est une des difficultés. Mais en suivant le raisonnement les 125 ans d’histoire du Club seraient 125 ans d’échec, puisqu’il n’a pas de Ligue des Champions au palmarès. C’est faux. Il y a eu beaucoup de joueurs incroyables, qui ont rendu heureux nos fans. Je veux remporter la Ligue des Champions, j’ai hâte d’affronter le Real Madrid, mais si nous ne gagnions pas le Président (Khaldoon Al Mubarak) ou le Directeur sportif (Txiki Begiristain) pourrait me dire que nous voulons ce trophée, que c’est insuffisant et que je suis viré. Je répondrais que c’était un plaisir (rires). Je ne sais pas, peut-être que cela arrivera à force. Depuis mon arrivée, nous regardons ce que nous pouvons améliorer. Liverpool a passé les 4-5 dernières années comme ça pour remporter leur titre la saison dernière. C’est tout un processus : les nouveaux joueurs, l’investissement… Actuellement ils ont la meilleure équipe du monde. Il y en a qui pense que nous devons remporter tous les titres, chaque saison, avec la manière, mais c’est impossible. Mon équipe est extraordinaire, je l’adore et je veux la faire progresser. Je ne peux pas promettre des titres chaque saison, j’aimerais bien mais je ne suis pas suffisamment bon. »

Mais vous êtes le meilleur entraîneur du monde !

« Je l’étais (rires). Je n’ai jamais eu l’impression de l’être, jamais, même en gagner un sextuplé avec Barcelone. Je gagne parce que j’ai des joueurs extraordinaires au sein de grands clubs. Je suis un bon manager, mais donnez-moi une équipe moins bonne que Manchester City et je ne gagnerai pas. Ce que je fais c’est faire progresser mes joueurs, mais les gens jugent les victoires. Il y a des entraîneurs incroyables dans les divisions inférieures, ils pourraient faire mieux que certains grands managers. »

Pensez-vous que Liverpool éprouvera les mêmes difficultés que City la saison prochaine ?

« Je ne sais pas. Je ne sais même pas ce qu’il va se passer au prochain match, vous imaginez bien que je suis incapable de vous dire ce qu’il va se passer la saison prochaine. Ce que je sais c’est qu’il y a 2 saisons nous avons fini avec 25 points de plus qu’eux, 19 de plus que United, qui était notre dauphin. Aujourd’hui nous avons 22 points de retard sur Liverpool, nous devrons combler cet écart la saison prochaine, nous allons travailler dans ce sens. »

Comment ?

« Il ne faut pas attendre qu’ils perdent des points et faire mieux. »

Vous avez réaffirmé votre envie de rester, qu’est-ce qui vous motive à rester ?

« J’aime mon travail, mais cela ne dépend pas que de moi. Le poste de manager dépend des résultats, je veux être ici la saison prochaine, mais si les dirigeants décident de changer je partirais; comme je pourrais prolonger de 3 saisons. L’important c’est d’avoir de bonnes relations professionnelles, et elles sont toujours très bonnes. »

Continuez-vous d’apprendre dans ce sport ?

« On apprend toujours, c’est la beauté de ce sport. Au final c’est bien qu’on soit obligé de s’adapter en permanence, l’important c’est l’envie de gagner, c’est ce que je veux voir. Nous avons très bien joué chez les Spurs, même à 10 contre 11. J’aime voir mon équipe jouer, c’est avec cette manière que nous avons réussi. »

Vous avez déclaré que vous souhaitiez que [LionelMessi reste à Barcelone, pourquoi ?

« C’est ce que je souhaite, parce que je suis un fan de Barcelone (rires). »

Vous aimeriez le coacher à nouveau ?

« Il va rester, il doit finir sa carrière dans ce club, c’est mon souhait. »